Introduction
Pour ceux que le travail de broyage rebute ou qui ne possèdent pas de pigments, la solution est simple. Comme s’ils préparaient leur palette, ils poseront les noix de couleur sur un buvard ou un papier absorbant épais de couleur blanche. Ils laisseront ainsi leurs peintures le temps qu’elles se déshuilent au maximum. Puis, à l’aide d’un couteau à peindre, ils ajouteront l’huile cuite à chaque noix de couleurs.
On peut évidemment partir des pigments eux-mêmes et effectuer le traditionnel travail de broyage en remplaçant l’huile habituelle par l’huile cuite, mais ici on choisira le liant Alkyd. Autant il s’avère relativement facile de fabriquer les peintures à l’eau : gouaches, aquarelles, acryliques ainsi que les pastels secs autant il est difficile de fabriquer ses peintures à l’huile.
Ce domaine requiert une grande pratique et il est vain de penser qu’il suffit de mélanger les pigments avec de l’huile seule, qu’elle soit de lin, de noix, d’hélianthe ou cuite.
Pourtant un grand nombre de peintres amateurs ou professionnels sont tentés de fabriquer eux-mêmes leur peinture, c’est pourquoi nous allons leur donner quelques conseils qui leur permettront d’obtenir un résultat satisfaisant.
La molette
Elle est indispensable pour broyer et mélanger le pigment avec son liant mais c’est un matériel coûteux, il faut compter environ 60 euros.
Sans être un bricoleur averti et moyennant un peu de patience on peut fabriquer une molette à peu de frais.
Pour cela il suffit de se procurer un bouchon de carafe en cristal. On en trouve pour quelques centimes d’euro dans les vide-grenier chez des brocanteurs ou Emmaüs… On fixera solidement le col érodé de ce bouchon sur un manche, de préférence en hêtre on peut se procurer ce matériel dans les magasins de bricolage.
Il faut maintenant s’armer de patience et donner à ce bouchon sa forme légèrement arrondie de molette en l’usant progressivement sur des papiers abrasifs à l’eau en réduisant le grain au fur et à mesure pour terminer avec un lissé correct.
Plaque de verre ou de marbre
Si on opte pour une plaque de verre celle-ci aura au minimum une épaisseur de 8 mm d’épaisseur et devra être d’assez grande dimensions 30×30 cm minimum.
Couteau à palette
Un grand couteau à peindre ou une petite spatule fait parfaitement l’affaire.
Le Liant Alkyde
Ce liant, tire son nom de la contraction des mots alcohol et acid on le trouve sous l’appellation LIQUIN chez Winsor et Newton ou Médium 100 chez Ferrario et sous d’autres noms chez d’autres fabricants. Ce liant est THIXOTROPE, c’est à dire qu’il a la particularité de pouvoir passer de l’état pâteux à l’état liquide quand on le broie, puis ensuite de retrouver naturellement son état pâteux. Il offre donc une bien meilleure mouillabilité vis à vis des pigments que les huiles avec qui il est parfaitement miscible, et cette propriété de mouillabilité va nous faciliter le broyage.
Pigments
On trouve des pigments de bonne qualité chez la Société LES OCRES DE FRANCE
Les fiches techniques des produits de ce revendeur sont parfaitement renseignées et pour ceux qui désirent travailler en utilisant la technique trichromique, on trouve les pigments des peintures primaires.
Les pigments ne s’utilisent tels quels que pour la peinture en bâtiment.. Pour obtenir une peinture artistique de qualité avec un bon pouvoir couvrant nous devons les trochiser.
Les marchands de couleur donnent le nom de trochisques, terme utilisé en pharmacie, à des tablettes ou pastilles de couleur apprêtées pour l’usage des peintres.
En ce qui nous concerne, nous allons d’abord broyer longuement les pigments du commerce avec de l’EAU. Cette action a pour but de réduire encore les dimensions des particules qui les composent. Plus longue sera cette action meilleure sera la qualité de la peinture.
Cette pâte sera séparée en petits blocs en forme de poire et mise à sécher.
Une fois bien sèches nous allons reprendre ces petites poires une à une et les réduire en poudre. En broyant avec la molette, nous allons ajouter peu à peu le liant alkyde de manière à obtenir une pâte ayant la consistance d’une crème de lait épaisse.
Sans attendre, à l’aide d’un couteau à peindre, nous allons mettre cette pâte en tubes. Pour éviter de salir les bords du tube on peut faire un petit cône en papier sulfurisé et il convient de ne pas trop remplir le tube et laisser au minimum 2 cm de vide. On rejoindra manuellement les bords du tube, puis, à l’aide d’une pince assez large on le fermera en 2 ou 3 plis .
La mise sous tube :
Fabriquer des peintures à l’huile qui possèdent un minimum de qualité nécessite, nous venons de le voir, un travail conséquent, dans ces conditions il s’avère bien difficile de les produire à la demande. Les mettre en tubes est donc la meilleure solution, c’est non seulement un gain de temps appréciable lorsque l’on peint, mais le meilleur procédé de conservation.
Autrefois, il était relativement facile d‘acheter des tubes vides auprès des pharmaciens. Aujourd’hui, ils sont peu nombreux à fabriquer leurs baumes, et il est devenu difficile de se procurer ce matériel auprès de ces professionnels.
Des tubes, nous en utilisons tous les jours: de dentifrice, de produits de beauté, de produits alimentaires etc. Facile à se procurer, les tubes de produits alimentaires qui offrent un choix de contenances très différentes vont nous permettre de mettre notre peinture en tube. Notre choix se portera de préférence sur ceux de faible contenance: 60ml est idéal, 100 ml un maximum.
On ouvrira le fond du tube avec précaution, et après en avoir extrait le contenu on procédera à un nettoyage complet. Après avoir placé le tube verticalement fond vers le haut, à l’aide d’une spatule assez longue et fine, on procède alors à la mise en tube de notre peinture. En cours de remplissage, on tapotera le tube de temps en temps pour faire descendre la pâte et chasser l’air.
Quand il reste 2,5 à 3 cm de vide , on joint alors les bords du tube avec les doigts puis on replie plusieurs fois le métal en respectant les plis d’origine. Enfin, à l’aide d’une pince assez large, on comprime les plis de manière à renforcer l’étanchéité du tube.
Pour terminer, n’oubliez pas de mettre une étiquette….
La fabrication des peintures à l’huile n’est certes pas facile à mettre en œuvre. La fabrication de trochisques, l’utilisation d’un agglutinant Alkydes, facilitent désormais grandement ce travail et permettent d’obtenir des peintures de bonne qualité. Comme ces peintures ne comportent aucune charge, qu’elles sont composées exclusivement d’un liant et des seuls pigments, leur pouvoir couvrant et leur intensité de couleur sont souvent bien supérieurs à celles du commerce.
Pour les peintres que le travail manuel ne rebute pas, les satisfactions qu’ils pourront retirer de cette fabrication sont nombreuses. La première, et non la moindre, étant celle de posséder enfin une pâte parfaitement adaptée à sa façon de peindre et qu’on saura parfaitement modifier.
Les Extendeurs
Certains sites conseillent d’ajouter un extendeur (pigment inerte transparent) généralement de l’hydrate d’aluminium ou une charge.
Les charges sont des matières que les fabricants rajoutent dans les peintures, les vernis ou les liants, afin d’en changer les caractéristiques, leurs conférer de la matité, plus de corps, ou encore augmenter la quantité de peinture au détriment de la qualité. Les charges couramment utilisées sont le suif, la craie, la pierre ponce, la magnésie etc.
Ces charges sont un non sens qui va réduire considérablement le pouvoir couvrant de la pâte et donner une peinture de médiocre qualité. Seule un peu de cire d’abeille ou de carnauba en faible pourcentage peut s’avérer utile pour obtenir une peinture plus mâte.